Les membres des communautés au cœur de la réponse d’urgence d’ActionAid Haïti dans la Grand’Anse

A Prévilé, Duranthon ou à Jacquet, situées dans les hauteurs, à des dizaines de kilomètres de la ville de Jérémie, plusieurs familles s’étaient retrouvées totalement livrées à elles-mêmes. Ce séisme a empiré la situation de la population qui commençait à se remettre des effets de l’ouragan Matthew lequel avait détruit une bonne partie du département de la Grand’Anse en 2016. Les premiers jours après le séisme, une première série de kits d’urgence et d’eau potable avait été rapidement distribuée à cette partie de la population. Huit jours après, 450 familles avaient déjà reçu des kits avec des produits hygiéniques et des ustensiles de cuisine. Du cash avait été ajouté à l’aide dédiée à des femmes enceintes ou avec des enfants en bas âge.

Coordination avec les CASEC pour atteindre les habitants dans les zones les plus reculées

Plusieurs obstacles s’étaient dressés dans le cadre de la planification et de l’organisation des distributions des kits d’urgence, le résultat n’aurait été possible sans l’implication directe des représentants des mairies et des Conseil d'Administration de la Section Communale (CASEC), lesquels ont facilité le rassemblement des participants.e.s dans des espaces sécurisés et l’acheminement de l’aide aux personnes se trouvant dans l’incapacité d’effectuer de long trajet (personnes à mobilité réduite, femmes allaitantes, etc.).. « ActionAid Haïti et la Mairie des Roseaux sont des partenaires. Ça fait un bon moment que nous travaillons ensemble. Nous avons toujours eu une très bonne collaboration. ActionAid avait pris le temps de discuter avec nous après le séisme pour élaborer le plan d’urgence. L’aide a touché les personnes à qui elle était destinée.» a témoigné le maire de la commune des Roseaux, Olin Jean Richard.

Afin d‘atteindre les catégories les plus vulnérables sur le terrain, ActionAid Haïti privilégie
toujours une bonne coordination avec les autorités locales dans le développement de ses
projets. Cette approche avait été renforcée dans la planification des réponses post-séismes
pour toucher les communautés les plus affectées. « Ma présence dans les distributions dans
certains points dans la commune des Roseaux témoigne de l’implication des autorités locales
dans la planification, l’organisation et la distribution de l’aide avec ActionAid Haïti. » a
ajouté le maire des Roseaux.

Une approche inclusive : implication des femmes leaders à tous les niveaux

Selon les témoignages satisfaisants de plusieurs femmes, participantes ou membres du staff,
l’un des points importants dans la planification et l’organisation des distributions est
l’implication des femmes à tous les niveaux. Que ce soit dans la planification des réponses et
la distribution des kits sur le terrain, dès les premiers jours, ActionAid avait mobilisé les
femmes, particulièrement les membres de son réseau de femmes leaders. « C'est un aspect
vraiment important. Par exemple, quand c'est un homme qui fait une distribution dans une
communauté, il peut faire des avances aux femmes. Il peut faire chanter les jeunes filles. C'est ce genre de problèmes qu'ActionAid a identifiés et nous a aidés à éliminer », nous a expliqué Elcia Joseph, une femme leader de la commune des Roseaux. Les formations sur l’égalité du genre organisées par ActionAid pour renforcer l’autonomie des femmes et lutter contre les stéréotypes ont été très utiles pour aider les femmes à comprendre l’importance de leurs rôles en période de crise. « Si c'est 50/50, la femme doit participer à toutes les activités. Il ne suffit pas de dire 50/50 et d’exclure les femmes des espaces de prise de décision. ActionAid promeut la participation des femmes dans toutes les décisions et dans la gestion de l’aide » a confié Ysnelle Jean, une autre femme leader.

En période de crise après une catastrophe, les femmes font généralement partie des catégories
les plus vulnérables. Elles subissent non seulement les conséquences sociales, économiques et
psychologiques de la catastrophe mais elles sont également exposées aux différentes formes
de violence basées sur le genre. « Il y a généralement beaucoup de filles enceintes quand
seulement les hommes sont en charge des distributions ou font partie des comités. Pour
donner une carte de participation aux distributions, certains d'entre eux utilisent leur position
de pouvoir pour affaiblir les participantes; elles cèdent parfois à leurs avances ce qui
engendrent de graves conséquences. Certains osent même à demander aux familles une jeune
fille en en échange d'une aide pour profiter d'elle. Par ailleurs, ils ne sont guère intéressés aux femmes âgées ; elles peuvent parfois retourner chez elles sans rien. Mais lorsque les femmes sont aux commandes, il n'y a pas de tels problèmes. Les femmes connaissent la situation des
autres femmes. » a-t-elle conclu.

A date, la réponse d’urgence d’ActionAid dans les communes de Jérémie et des Roseaux a
déjà touché 5000 familles.